Au sein du Collectif Habitats Heureux, lorsque nous imaginons une maison ou un projet d’habitat, nous aimons nous poser la question suivante : A quoi ressemblera la construction dans 20 ans ? Y répondre, ou à minima, tenter d’y apporter une réponse nous permet d’anticiper, avec l’aide des clients, les usages et besoins à venir qui pourraient modifier le projet initial. Ainsi, le projet dessiné est capable d’un peu plus, il peut grandir et évoluer avec le temps sans devenir obsolète, et ce tout en respectant les valeurs écologiques mises en place à l’origine de la construction.
Prenons l’exemple de la construction d’une maison pour une famille de trois personnes. Deux chambres sont prévues à l’origine du projet afin de concilier contraintes budgétaires et besoins spatiaux. Nous identifions cependant rapidement une possibilité d’agrandissement de la famille ou d’évolution des usages de la maison qui entrainera la nécessité d’une pièce en plus : chambre, bureau ou salle de musique, les usage pour cette future pièce pourront être nombreux ! Cette future extension de la maison est alors prise en compte dès le début du processus de conception afin de limiter son impact environnemental et de faciliter son intégration au projet de base.
Cela commence par le sol. En effet, les fondations étant les travaux les plus invasifs et destructifs pour le sol, il est plus facile de tout réaliser dès la première phase de travaux. Nous réfléchissons donc aux fondations de la future extension en les intégrant à la trame structurelle du projet initial. La structure porteuse, la dalle basse isolée et la couverture sont également construites dès le départ, créant ainsi un large espace extérieur couvert qui pourra servir d’atelier extérieur en attendant la future extension.
Lorsque la construction de l’extension sera nécessaire et possible, il suffira alors simplement de refermer cet espace avec des parois autoportantes en ossature bois isolées et bardées, puis de réaliser l’isolation de la couverture et enfin le second œuvre intérieur. Il est même possible d’imaginer que ces travaux ,plus simples que des travaux de structure et de fondations, se fassent en auto-construction ! Si jamais l’extension ne se faisait pas, la maison bénéficierai toujours de cette espace couvert extérieur, un espace capable et évolutif dans le temps.
Les réseaux seront également pensés en fonction des futurs usages et possibilités d’extension, en prévoyant notamment des boîtes de dérivation à des endroits stratégiques et des emplacements vides sur le tableau électrique afin de faciliter l’extension du réseau (un nombre minimum d’emplacements vides est de toutes façons imposé par la réglementation NF 15-100). Dans notre cas, nous n’aurons à anticiper que l’extension du réseau électrique mais il serait tout à fait possible de faire de même avec les réseaux d’alimentation et d’évacuation d’eau par exemple.
Une habitation n’est pas figée dans le temps et il est normal que celle-ci évolue et s’agrandisse dans le temps en fonction de l’apparition de nouveaux besoins. En anticipant au maximum ces besoins, il est alors possible de limiter le coût environnemental des travaux d’extension mais aussi leur impact financier !